samedi, octobre 27, 2007

Le petit déjeuner

Il s’était levé aux aurores pour aller nous chercher des croissants.
Le plateau du petit déjeuner est dressé à côté du lit, les tasses de café fument, le jus d'orange est frais dans les verres embués et le sac de croissants est là, au milieu, tout gonflé et encore fermé.
Je prends le sac et l'entrouvre … hummm ! il s’en dégage une bonne odeur de croissants au beurre.
Nous sommes deux et il y en a six, mon ami est prévoyant, ou gourmand, ou les deux.
Je sais déjà qu'un seul me satisfera !
Je prends le premier croissant qui se présente en le saisissant délicatement entre deux doigts ; il est un peu gras, ce qui est normal pour un croissant au beurre ; je mets ma main gauche en coupe en dessous pour éviter de perdre des miettes et qu'elles ne se répandent pas dans le lit, je commence à grignoter une des pointes, je savoure, je regarde, gourmande, les yeux mi-clos, mon ami en train de s'amuser à me voir savourer mon petit-déjeuner.
Je sais déjà à quoi il pense, mais j'ai faim d'autre chose.
J'avale la première bouchée, suivie d'une autre, je grignote la deuxième pointe.
Elles sont plus sèches que le reste du croissant, plus sèches mais surtout plus croustillantes.
Dans le creux de ma main, les miettes tombent.
Je ne tiens plus dans la main droite que le milieu du croissant et j’ai recueilli pas mal de miettes dans l'autre main dont je lèche la paume pour ne rien laisser perdre.
Je peux enfin manger la petite partie qui dépassait du corps de la viennoiserie enroulée sur elle-même et dérouler le tout, puis savourer enfin la partie blanche et moelleuse, le cœur de mon croissant.
Je souris à mon ami qui me tend alors le sac en me disant, la voix un peu rauque : "nous avons tout notre temps, reprends-en un autre ...".

xl