lundi, novembre 27, 2006

Premières asperges

vous la voyez, là, devant vous, au milieu de ses sœurs, et elle vous semble plus grosse que les autres, plus tendre et moelleuse, alors vous la saisissez de deux doigts, bien au milieu de sa tige, vous vérifiez que la tête n'a pas été abîmée, qu’elle est entière avec une jolie forme régulière

vous commencez par léchouiller la tête pour en exprimer tout le jus de la sauce puis, d'un coup de dents bien ferme, vous séparez la tête du reste de la tige ; ensuite, vous dégustez, les yeux mi-clos ; il s'agit de vos premières asperges de l'année et le goût des dernières que vous avez savourées l'an passé est bien trop lointain

vous continuez à happer, grignoter, croquer et à mâcher le reste de la tige, puis à choisir l’asperge suivante, et encore la suivante jusqu'à ce qu’il n’y ait plus rien dans l’assiette et que vous n'ayez plus que vos deux doigts à lécher ...

xl

jeudi, novembre 09, 2006

lacets délacés

de-ci de-là
des lacets
se délacent
de délaçage
en délassement
le temps passe
doux embrasement
entre amant
et amante

samedi, novembre 04, 2006

mercredi, novembre 01, 2006

ce jour là ...

Ce jour-là, nous nous étions levés très tôt faire une randonnée. L'aurore pointait à peine son nez quand nous sommes partis du village ; la matinée avançait mais le ciel restait couvert. A gauche de l'escarpement le long duquel nous avancions, en file indienne, je voyais l'abîme qui m'attirait ... J'essayais de trouver une forme d'exil dans mes pensées, pour ne pas voir le gouffre, tantôt je regardais mes pieds, et les cailloux qui roulaient sous mes chaussures, tantôt le dos de la personne qui me précédait ... Mais je sentais l'angoisse grandir en moi. Avec un regard plein de bonté, cet homme, au dos large et rassurant, se retournait parfois sur moi, pour voir si je suivais bien, si je continuais d'avancer ; il devait sentir mes angoisses. Je savais que c'était grotesque de ma part, que nous étions encordés, que je ne risquais rien, qu'il aurait été préférable que je ne m'inscrive pas pour cette randonnée, et que ma peur risquait de me rendre dangereux pour les autres. Celui qui me suivait accéléra légèrement, et mit sa main sur mon épaule, me demandant pourquoi j'avais l'air si pensif ; lui aussi avait dû ressentir quelque chose, ou alors capter le regard de celui qui me précédait... Puis tout à coup, un rayon de soleil perça d'entre les nuages, le paysage s'éclaira, et je sentis mes angoisses s'effacer. L'homme qui me précédait m'adressa un sourire, inclina un peu la tête en direction de celui qui me suivait et nous continuâmes notre randonnée.


x.l.